Descriptif
prévisionnel du projet |
07/2002 |
Projet : "Les parties
intégrantes" du drame classique : clefs pour une
esthétique de la production contemporaine
Lauréat : collectif
Le
project vise à répondre à la question : comment représenter
un opéra baroque aujourd'hui ? C'est une première étape vers
la question du pourquoi.
Jouer
un opéra écrit au dix-huitième siècle requiert à la fois
d'appréhender les conditions de production de l'ouvrage,
et de prendre en considération sa réception par le
public. Aucun de ces deux besoins ne peut être, à ce jour,
complètement satisfait dans une optique de reconstitution
; le premier (production) parce que les sources historiques
demeurent insuffisantes pour bénéficier d'une image complète
du processus productif, le second (réception) parce que le
public a changé de façon irréversible.
De
nombreuses conventions propres à la représentation baroque,
significatives pour le public d'alors, sont "perdues"
et hors de portée de l'entendement du public contemporain. Le
lien entre une représentation symbolique, sur scène, et son
sens dramatique est perdu, et personne ne peut espérer
transmettre à la fois la “lettre” et l' “esprit”
de l'original. Les interprètes du 21e siècle
doivent inventer des stratégies de substitution. Or, il semble
plus important de se mettre en quête de processus alternatifs
capables de préserver le sens, plutôt que l'aspect extérieur
de l'original.
Mais,
à fins d'explorer ce sens et d'être capables de le
ré-interpréter, les interprètes ont intérêt à le
conrconscrire par l'usage des mêmes catégories intellectuelles
qui ont présidé à sa naissance. Dans ce but, une lecture de
la pièce peut être menée sur la base de ses seules lignes de
force structurelles, qui en définissent les relations internes
(vers l'intérieur) et contextuelles (vers l'extérieur), sans
quoi existe un risque d'en altérer la signification. Il faut
donc, en premier lieu, identifier et mettre en oeuvre des
grilles de lecture qui sont les grilles d'écriture des auteurs
; c'est seulement a posteriori que des transpositions peuvent se
produire.
Des
auteurs, anticipant nos besoins dans ce domaine, ont laissé des
écrits théoriques qui sous-tendent, expliquent et décrivent
leur propre processus créateur. L'un des plus importants (et le
plus souvent cité par ses contemporains) appareil théorique
décrivant la constitution du drame est celui des Parties
intégrantes, que Pierre Corneille developpe dans la
préface de l'édition de 1660 de son Théâtre. Ces
catégories intellectuelles, trouvées dans la Poétique d'Aristote
sont citées et reprises par plusieurs autres auteurs
européens.
Il
y a six Parties intégrantes : le Sujet
ou Fable, qui est l'histoire que la pièce raconte ; les Mœurs,
qui représente la nature profonde des personnages, liée entre
autres choses au contexte dans lequel ils évoluent et à leur
position dans ce contexte ; les Sentimens,
qui sont les sentiments des personnages, que le public peut
partager ; la Diction,
qui est l'art des acteurs dans la restitution des situations, et
recouvre la question du style ; la Musique
; et la (les) Décoration(s)
du théâtre.
Cette
typologie intellectuelle peut être employée pour l'analyse et
la compréhension des opéras, puis pour la conception et la
préparation de leurs re-présentations. Cette méthode semble
à même de structurer l'approche, à la fois des chercheurs et
des praticiens, et de plus de permettre le développement
d'approches plus individuelles du processus de
représentation.
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