Descriptif
prévisionnel du projet en avril 2000 -
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04/2000 |
Annexe 2
Le Cycle des Âges
" Des Orages sera
la quatrième et dernière pièce du cycle des Âges, suite
d’œuvres pour instrument soliste et électronique
enregistrée que j’ai commencée à la fin de l’année 1998.
Trois pièces existent donc à ce jour :
- Des Rivages, pour
clarinette et électronique enregistrée ;
- Des Visages, pour
alto et électronique enregistrée ;
- Des Mirages pour
piano et électronique enregistrée.
Cette troisième pièce a
été écrite et créée lors du séminaire de composition du
festival Bartok, à Szombathely (Hongrie), sous la direction de
Michael Jarrell et Marco Stroppa. Elle a particulièrement
bénéficié des conseils de ces deux compositeurs. De nombreux
éléments de la composition ont été déterminés par le fait
que la pièce a été écrite pour une interprète
particulière, la pianiste hongroise Judit Vargá.
Dans chacune des pièces du
cycle des Âges, j’essaie d’articuler deux éléments
hétérogènes :
- une ligne instrumentale qui
est de l’ordre de la " musique pure ",
c’est-à-dire abstraite ;
- une partie enregistrée
qui, au contraire, est le plus possible évocatrice de
phénomène naturels concrets : le bruit de la
mer est aisément reconnaissable dans Rivages, celui
du feu dans Visages (Mirages est plus ambigu).
Au fil du cycle, les moyens
mis en œuvre ont évolué vers une instrumentalité croissante.
Au commencement, je me suis contenté d’utiliser des
enregistrements pris dans la nature ; une partie des sons
qui remplissent l’espace acoustique de Rivages ont
été enregistrés au bord de l’océan. Dans une deuxième
étape, j’ai employé l’électronique pour fabriquer de
toutes pièces mes sons et le bruit du feu dans Visages est
une pure création électronique ex nihilo. Dans Mirages,
j’ai définitivement franchi le cap et composé la partie
électronique à partir d’un enregistrement de la partie
soliste nettement retravaillé au moyen de l’ordinateur :
Mirages, du début à la fin, est quasiment un unique son
de piano. Ce faisant, j’ai perdu le caractère évocateur qui
était certain dans les deux premières pièces.
Pour le retrouver dans Des Orages,
j’envisage cette fois une démarche qui s’apparente, de
fait, à une méthode scientifique ; pour comprendre
et maîtriser le phénomène naturel qu’est la tempête,
partir non pas d’une reproduction (un banal
enregistrement), mais d’une modélisation – analyse,
compréhension, reconstruction – qui sera, bien sûr, d’ordre
musical ; reconstruire le son et le déroulement d’un
orage, sans pour autant partir de l’orage même.
C’est pour cette raison que
je souhaite maintenant utiliser des sons qui sont ceux d’instruments
de musique (donc, que l’on peut écrire), mais qui en
même temps imitent, ou figurent, de façon très
réaliste, les sons de la nature. Cette invention du XVIIIème
siècle – que je trouve particulièrement ingénieuse
– m’est nécessaire pour résoudre un problème tout à fait
contemporain, celui de l’expressivité d’un langage dont les
règles sont, la plupart du temps, codées, non figuratives, et
donc, purement, en un mot, musicales. "
Rémy-Michel Trotier
Mars 2000
Annexe 3
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