Bourse d'étude
Dezède |
10/2006 |
L'opéra-comique à Paris à la
fin du XVIIIe siècle
Monvel & l'opéra-comique
Rémy-Michel Trotier
Avant son départ pour la Suède en 1781, et après son retour en
1788, les deux carrières françaises de Jacques-Marie Boutet de
Monvel (1745-1812) semblent coïncider avec les étapes d'une
évolution forte du goût que signale le développement de
nouvelles formes de spectacles musicaux. Les ouvrages tardifs de Monvel, essentiellement composés avec le musicien
Nicolas Dalayrac (1753-1809) pour le Théâtre Italien,
appartiennent au genre très méconnu - et pour ainsi dire jamais
représenté aujourd'hui - de l'opéra-comique. Les premières oeuvres
dramatiques du comédien, élaborées à partir de son sociétariat
en 1772, étaient-elles plus liées au théâtre parlé ? La
collaboration d'un autre compositeur, le mystérieux Dezède (? - 1792),
confirme l'appartenance de ces premières oeuvres au genre
musical. Même dans les oeuvres apparemment plus "théâtrales" de Monvel,
la présence occurrentielle de numéros musicaux - ariettes,
vaudevilles, etc. - en tendant à abolir la frontière entre théâtre et
musique, pose la question de la filiation des genres dramatiques
et de leur influence réciproque.
Qui était Dezède ?
Le nom de Nicolas [Alexandre?] Dezède (né en 1740-45?,
mort à Paris en 1792), qu'emprunte cette bourse d'étude, est
aussi mystérieux que l'ascendance même du compositeur. Il pensa
d'abord
être né à Turin, puis peut-être à Lyon, jusqu'à ce qu'on lui
apprît qu'il était le fils illégitime d'un prince germanique ;
et il
savait seulement, de son nom, qu'il contenait les lettres "D" et "Z".
C'est d'ailleurs ainsi qu'il signait ses partitions : D.Z., Dezèdes,
Desaides, ou encore De Zaides. Ayant reçu une solide formation
musicale, il commença sa carrière en s'alliant en 1772 au
comédien Jacques-Marie Boutet de Monvel. En 1783,
ils créèrent Blaise et Babet ; cette pastorale,
représentative
du style du musicien, devint son oeuvre la plus célèbre et fut
jouée de son vivant dans le monde entier, jusqu'en Russie et aux
États-Unis d'Amérique.
La musique de Dezède passa peu à peu de mode au début du XIXe siècle, et
on n'en connaît aujourd'hui que quelques chansons. Parmi
celles-ci, deux d'entre elles - Lison dormait dans un boccage
et le fameux Ah! vous dirais-je Maman - servirent de
thème, pour des variations, à Mozart ; ce dernier avait peut-être connu personnellement Dezède.
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