Bourse
d'étude Madame
Dugazon : l'opéra-comique au XVIIIème
siècle - Descriptif du projet -
page 4/5 |
05/2000 |
Madame
Dugazon
Madame Dugazon avait pour nom de
jeune fille Louise-Rosalie Lefebvre. Elle est née à Berlin
le dimanche 18 juin 1755. Elle est baptisée protestante.
Le père appartient depuis
décembre 1747 à l’Opéra de Frédéric II. Il y est
danseur figurant, c’est-à-dire qu’il ne danse que dans
les ensembles. Marié en 1750 à Magdelaine-Louise Guérin,
il eut avec elle quatre filles et trois garçons.
Louise-Rosalie est le quatrième
enfant, destinée à être danseuse, comme ses sœurs aînées
Suzanne et Marie-Anne.
En 1765, la famille est de retour
à Paris.
En 1767, Louise-Rosalie se produit
aux Italiens. Grimm note le succès de danseuses obtenu par
les " petites Lefebvre ". Et Bachaumont :
" Elles attirent tout Paris par la vigueur de leur
jarret ". Les trois sœurs sont engagées à la
Comédie-Italienne.
Après les répétitions,
Louise-Rosalie s’amuse à parodier les virtuoses de la
troupe et reproduit leurs gestes et leurs accents avec
malice et drôlerie. Grétry entend la jeune espiègle et
admire ses dons de comédienne. Il lui trouve une jolie voix
et lui promet de la faire jouer dans son prochain ouvrage.
Le 5 janvier 1769, Louise-Rosalie
représente une villageoise dans Lucile,
opéra-comique en un acte, livret de Marmontel, musique de
Grétry. Le rôle contient une ariette : " On
dit qu’à quinze ans
On plaît, on aime, on se marie… "
Succès de Louise-Rosalie. Grétry
lui conseille d’apprendre le chant. Ce qu’elle fait.
Madame Favart la prend en amitié et lui enseigne les
rudiments de la comédie.
Début
" officiel " le 19 juin 1774 dans le
rôle de Pauline de Sylvain, opéra-comique en un
acte, livret de Marmontel, musique de Grétry.
Elle se marie avec Dugazon, un
comédien. Le bonheur des époux est de courte durée.
Querelles. Louise-Rosalie se console ailleurs, mais le mari,
quoique coureur de son côté, n’en est pas moins jaloux.
Nombreuses passades de Louise-Rosalie. En 1778, elle est
protégée par un fermier général, De Caze. Les Mémoires
et Correspondances du temps parlent de ses nombreuses
aventures.
Le Gustave Dugazon qui composera en
1823 la musique d’Aline est le fils légitime de
Louise-Rosalie. On n’a pas sa date de naissance exacte. Il
meurt en 1826. Il n’eut jamais aucun succès avec ses
œuvres musicales.
En 1778, après avoir quitté le
domicile conjugal (rue Neuve-Saint-Eustache), elle s’installe
rue du Mail, puis rue Comtesse-d’Artois, puis rue
Thévenot, puis boulevard Montmartre, boulevard Saint-Marc,
rue Caumartin, etc. Elle change de domicile en moyenne une
fois par an.
Elle est protégée, sous forme de
pensions, par Louis XVI, et très en faveur auprès de
Marie-Antoinette. Pendant la Terreur, elle est contrainte de
s’éloigner de Paris. Elle fait ensuite des tournées en
province. Au Théâtre d’Amiens, Mademoiselle George lui
donne la réplique. Cette dernière écrit dans ses Mémoires :
" Mme Dugazon joua Nina ou la Folle par amour,
ce rôle qui lui fit une si grande réputation et si
méritée ; c’était bien ce qu’il y avait de plus
touchant au monde. Elle avait à lutter contre son physique
à cause de son embonpoint ; sa figure était charmante
et remplie d’expression, ses yeux ravissants… "
Elle rentre à l’Opéra-Comique
national –nouveau nom de la Comédie-Italienne. Elle y
reprend Nina, Guillaume Tell, drame lyrique en
trois actes, livret de Sedaine, musique de Grétry, Le
Déserteur, l’Incertitude maternelle et Stratonice,
drame lyrique en un acte, livret d’Hoffmann, musique de
Méhul.
Elle souffre d’une
" hydropisie de poitrine " qui la
contraint à beaucoup de repos. Elle ne peut plus jouer que
rarement. En 1804, elle se retire, avec un spectacle donné
à son profit à l’Opéra. On y joue Sertorius avec
Talma, le Calife de Bagdad de Boïeldieu et un
ballet.
Pour la tirer d’embarras, Louis
XVIII lui alloue une pension de 3 000 francs. Elle s’est
retirée au Faubourg Saint-Denis, de nombreuses jeunes
chanteuses et comédiennes viennent la consulter.
Elle meurt le samedi 22 septembre
1821. Elle est enterrée au Père-Lachaise et, selon son vœu,
non loin de Delille et de Grétry.
Source :
Jean-Jacques Olivier, Madame Dugazon, de la
Comédie-Italienne (1755-1821).
Paris, Société Française d’Imprimerie et de Librairie,
1917, 124 p.
Madame
Dugazon dans Nina, par Élisabeth Vigée Lebrun
Sommaire
Vers
écrits sur Madame Dugazon
|