Académie Desprez - page d'accueil

Contactez-nous

in English på Svenska

Groupe de Soutien

Groupe de Recherche

Ce site est le reflet des travaux de l'Académie Desprez et de leur constante évolution
 

Association Française pour le Rayonnement du Théâtre du Château de Drottningholm

Etudes musicales Des Orages

2000 Naumann

Poésie, déclamation & musique

2002 Dubos

2002 Raparlier   

2001 Bacilly

Poésie, musique & mise au théâtre

2004 Muzio

Multiplicité des points de vue requis - page 2/3 05/2002

Le développement progressif d'une musicologie importante, dès le XIXème siècle et tout au long du XXème, a déjà permis de constituer une meilleure connaissance des enjeux, des processus d'élaboration et des caractérisations stylistiques de la musique des siècles passés, et en particulier de la musique de l'Âge classique. Mais il a, conjointement et dans le même mouvement, instauré un filtre qui déforme, réoriente et colore de façon permanente cette même connaissance en élisant de façon subjective les traits les plus saillants de la perception que nous pouvons avoir de cette musique et de son inclusion dans une époque.

Auditeurs

L'étude de ce filtre, qui est avant tout un filtre collectif, est l'un des éléments du programme d'Études musicales de l'Académie Desprez ; elle s'avère complexe, y compris dans le nombre de ses composantes. Il semble nécessaire d'analyser de nombreux mécanismes qui ont conduit à modifier de façon durable l'écoute et la réception de la musique - analyse d'autant plus périlleuse que c'est précisément au XVIIIème siècle que l'émergence d'une pensée philosophique ayant pour objet la musique a conduit à cette modification. Parmi les principaux symptômes de cette évolution, la transformation radicale du rapport de la scène et de la salle d'une part, du rapport du texte et de la musique (où le rapport à la langue est progressivement devenu prééminent) d'autre part nous paraissent être les facteurs principaux qui nous empêchent à jamais de recréer la manière dont les œuvres musicales pouvaient être entendues avant la Révolution française. 

Chercheurs & interprètes

Paradoxalement, cette métamorphose de notre approche épistémologique de la production sonore est d'autant plus remarquable que les interprétations données des œuvres du passé ont cherché, au cours du siècle, à gagner le plus possible en fidélité - que ce soit dans l'instrumentarium employé, dans la manière d'en jouer, en incluant la voix humaine, ou encore dans les lieux de représentation. Cette situation montre bien que les interprètes ont été, dans cette modification perceptuelle, des acteurs de premier plan. Ils sont rejoints par une autre catégorie d'intervenants, les chercheurs et les historiens de la musique. Les chercheurs d'une part, les interprètes d'autre part agissent encore sous l'emprise d'un paradigme dominant au XXème siècle, qui affirme la nécessité d'une culture historique, large, exhaustive de l'histoire et de la géographie de la musique et des pratiques instrumentales et vocales, essentielle en premier lieu à l'interprétation de la musique contemporaine, en second ressort à celle de la musique du passé. De ce double rôle d'analyste et de traducteur, joué tant par les uns que par les autres, provient cette déformation de l'appréhension que nous pouvons avoir, en tant qu'auditeurs, de la musique dite classique.

Compositeurs

Le programme d'Études musicales se donne également pour but d'ouvrir la réflexion à l'intervention d'une troisième catégorie d'acteurs, dont le rôle, distinct de celui rempli par les précédents, ne semble pas moins déterminant, à savoir les compositeurs.

Les compositeurs ont, eux aussi, dû affronter une extension obligée de la connaissance de leur art aux époques passées, et la mise en perspective de leur propre travail avec celui des hommes des siècles précédents. Dans la pratique de leur métier, ils ne doivent plus seulement être artisans - donc acquérir un savoir-faire - mais également savants, musicologues, historiens, théoriciens et penseurs ; si l'on adoptait une terminologie classique, il leur faut plus que jamais être philosophes. Ils sont donc soumis aux mêmes contraintes que les chercheurs et les interprètes, mais adjoignent, à cette contribution à une vision collective, leur subjectivité créatrice, qui les empêche de tout à fait suivre des orientations généralisées. Les filtres deviennent alors individuels, car uniques.

Notre hypothèse de travail sera dès lors la suivante : les perceptions, multiples, de la musique de l'âge classique qui sont celles des compositeurs contemporains, et qui fonctionnent comme autant de filtres individuels, agissent en retour sur la pensée musicale dominante et l'interprétation collective que fournit notre époque de son propre passé.

C'est cette hypothèse qu'il s'agit ici de vérifier, de caractériser, de mesurer et de raisonner.

C'est elle, également, qu'il s'agit de mettre en œuvre.

Rémy-Michel Trotier
Mai 2002

Thématiques abordéesPage suivante

Page précédenteHautPage suivante