Descriptif
prévisionnel du projet en avril 2000 -
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04/2000 |
La
machine à vent et la machine à tonnerre
du théâtre du château de Drottningholm
D’après un
dessin de Gustaf Kull © 1974-1984
Réunir l’harmonica
et les sons de Drottningholm
Le lien entre le
glassharmonica et le Théâtre du Château de Drottningholm s’est
imposé très vite lors de la conception de ce projet. Comme l’instrument,
le théâtre est né au XVIIIème siècle ;
comme lui, il a été "oublié " pendant tout le
XIXème ; comme lui, sa redécouverte au XXème
va de pair avec un intérêt croissant de notre époque pour le
répertoire ancien. Un des principaux compositeurs qui se sont
intéressés au glassharmonica est J.-G. Naumann, compositeur de
la cour de Gustave III, qui écrivit pour lui douze
sonates ; Marie-Antoinette jouait de l’Harmonica et la
plupart des compositeurs dont les opéras sont représentés à
Drottningholm en ont joué ou encore ont écrit pour l’harmonica
de Verre.
Le projet Des Orages est
né du désir de recréer ce lien en associant, dans une pièce
contemporaine, le glassharmonica et deux instruments de musique
qui ont été retrouvés parmi les machineries du Théâtre du
Château de Drottningholm et remises en service :
- la machine à tonnerre ou
" boîte à tonnerre " est un coffre de
bois de trois mètres de long, suspendu à un axe horizontal
qui traverse son centre, contenant des pierres rondes. Par l’action
des cordes, la boîte bascule, et les pierres roulent d’un
côté ou de l’autre. La résonance de la boîte,
amplifiée par celle de la structure de l’auditorium,
imite assez parfaitement le bruit du tonnerre ;
- la machine à vent est
faite d’un cylindre de bois, entraîné par une manivelle,
qui frotte contre des bandes transversales de tissu,
produisant un chuintement modulable figurant bien zéphirs
et aquilons.
Ces machineries, que l’on ne
peut pas déplacer physiquement, constitueront le matériau de l’électronique
enregistrée. Le glassharmonica, instrument obligé, sera donc
joué " en direct " et légèrement
amplifié. Il ne s’agit pas, dans ce projet, d’aller jouer
de la musique contemporaine à Drottningholm, mais au contraire
de " faire entendre Drottningholm " dans une
pièce contemporaine. De cette façon, l’œuvre fera sonner,
partout où elle sera jouée, ces deux instruments qui sont
restés confinés pendant cent vingt ans dans le théâtre
silencieux.
Dans Des Orages (qui
raconte " l’histoire " d’un orage), l’alliance
du glassharmonica et des enregistrements des machines à vent et
à tonnerre correspond ainsi à un point de vue historique :
il s’agit d’instruments datant du XVIIIème
siècle, réunis pour une œuvre qui fait directement référence
aux formes musicales de ce siècle. La tempête, prise
comme forme musicale, apparaît fréquemment en tant qu’épisode
dramatique dans l’opéra du XVIIIème siècle –
suffisamment souvent pour que l’on ait adjoint à la
machinerie visuelle ces deux machineries sonores. Mais ce genre
a également existé, de façon indépendante, sous forme
instrumentale – comme par exemple dans les Quatre Saisons de
Vivaldi (L’Été). C’est cette seconde tradition, qui
était promise à une longue destinée, qu’il s’agit ici de
reprendre et de réinterpréter.
Des Orages adopte
de la sorte un point de vue figuraliste plutôt que réaliste
qui naît d’un souci de traiter musicalement les bruits
qui seront inclus dans la partie électronique : des
sons qui ne remplissent pas une fonction décorative mais bien
une fonction musicale, des sons qui sont traités de façon instrumentale
dans l’écriture de la bande. D’où le désir d’employer
non pas des enregistrements de vent et de tonnerre, mais
des enregistrements d’instruments imitant le tonnerre
et le vent : des sons instrumentaux qui sont bien plus
évocateur que des prises de sons réalisées directement dans
la nature.
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qu'écoute le public de Drottningholm
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